La règle urbaine mise en œuvre dans le secteur Masséna par Christian de Portzamparc nous offre une liberté nouvelle.
Cette liberté n’aurait pas d’intérêt si elle se réduisait à un travail sur les formes et les matières.
Nous l’avons exploitée afin de participer à un nouveau paysage urbain qui compose avec les programmes universitaires, et une forte densité, au service de la qualité de l’habitat.
Les masses bâties qui composent l’îlot ouvert
Il s’agît d’un îlot de forte densité, insérés entre deux programmes universitaires, notamment l’UFR de Biologie construit par François Chochon et Laurent Pierre, dont nous sépare une rue étroite de 10m de large.
Le COS sur notre parcelle est de 4,8, comparable au COS de 5 que l’on trouve dans le quartier de l’Opéra, quartier le plus dense de Paris.
Le projet organise les masses bâties en deux entités majeures : une « équerre » tenant le linéaire et les angles des rues principales avec, en contrepoint sur la rue secondaire Elsa Morante, une « tour » libérant le sol et l’espace, un volume dont les contours sont dématérialisés face à la masse de l’UFR de biologie.
Afin de creuser des vides pour dégager des vues lointaines, nous utilisons le maximum des hauteurs permises en contrôlant l’impact des ombres portées.
Les volumes hauts sont positionnés dans les angles à R+9, et la « tour » à R+11 ouvre le dialogue avec celle de l’UFR : un volume aux contours mouvants s’oppose au volume parfait qui lui fait face.
La volumétrie a été contrôlée lors du concours par des études d’ensoleillement.
Les rapports des masses comme ceux des matières et des couleurs ont eux aussi été régulièrement contrôlés avant et pendant le chantier. Par exemple, pour régler la confrontation à l’UFR, des études ont été réalisées sur une maquette d’ensemble au 1/100e.
La cour, jardin intérieur
L’îlot ouvert permet de découvrir depuis la rue le jardin intérieur, d’installer des échappées visuelles, de faire passer la lumière et l’ensoleillement, d’installer des continuités d’espaces plantés.
Les façades sur l’espace public sont calmes, claires et lissées par « le fil à couper le beurre », en opposition à l’expression domestique de l’intérieur de l’ilot exprimée par les couleurs, les prolongements extérieurs, les matières, les plantations, la végétation qui grimpe sur les façades de la tour, que les habitants peuvent librement compléter.
Nous cherchons à habiter au maximum le jardin intérieur de l’ilot ouvert, individuellement et collectivement : prolongements extérieurs des logements, jardin à RDC ou terrasse collective à R+5. Les habitants le traverse pour rejoindre les halls, les commerces ouverts sur la rue possèdent des vues sur le jardin.
Le thème du jardin anime les sols et les murs des rez-de-chaussée et remonte sur les façades de la tour.
Les panneaux au motif végétal seront recouverts de vignes vierges et de lierres issus de jardinières dans lesquelles les habitants pourront également planter.
Les logements
Notre proposition utilise plusieurs dispositifs contenus dans le « manteau trop grand » pour permettre des vues et un ensoleillement de qualité pour chaque logement.
Ceux situés dans le socle de l’équerre présentent des configurations habituelles. Par contre, tous les logements installés dans les volumes hauts ainsi que dans la tour bénéficient systématiquement de deux, voire trois orientations. Beaucoup sont dotés de vues lointaines.
Cette disposition de logements en angle permet de rapprocher les masses bâties. Les prospects sont calculés sur les vues principales. Seules les vues secondaires s’ouvrent en vis-à-vis de l’UFR.
Les plans ont été travaillés afin de permettre une continuité spatiale au contact de la façade dans les espaces de jour, permettant par exemple de bénéficier d’un ensoleillement continu du Sud Est au Nord Ouest au travers de la mise en relation séjour, cuisine, coin repas.
La qualité des logements fabrique celle de la ville ; la manière d’habiter, c’est la vie que l’on perçoit au travers des façades, la respiration qui donne sa pulsation à l’espace public.